27 septembre 2012

Éssais peinture du mur



Et voici nos coloris lauréats : trois nuances orangées. Dans quelques jours il n'y en aura plus qu'une!

21 septembre 2012

Quelle légitimité pour l'architecte contemporain ?



Laurie diplômée ! HMONP en poche, elle peut aujourd'hui officiellement signer des plans et s'appeler "architecte "! Voici un extrait de son mémoire qui parle de la Cartonnerie et qui justement interroge le métier d'architecte et les conditions d'accès à la maîtrise d'oeuvre.

« Il existe une interaction entre les humains et les choses (…) Il existe une magie du réel. Je connais bien sûr la magie de la pensée. La passion de la belle pensée. Mais je parle ici de ce que je trouve souvent encore plus incroyable : La magie des faits, la magie du réel. »
(P. Zumthor, Atmosphères, éd. Birkhäuser, Basel, 2008.)

"Nous avons formé le collectif interdisciplinaire « Carton plein » autour d’un projet à Saint Etienne « La Cartonnerie », en septembre 2010. La démolition de cette ancienne usine stéphanoise a laissé place à la fabrication d’un espace public temporaire dans l’attente d’une future reconstruction foncière.
L’espace en friche a été dépollué puis ouvert au public. Notre collectif a été missionné par l’Epase (Établissement Public d’Aménagement de Saint Étienne) en tant qu’assistant à maîtrise d’ouvrage pour les accompagner dans la transformation progressive de «la Cartonnerie». Ce chantier en perpétuel mouvement, est un espace laboratoire où nous expérimentons en équipe une manière de construire la ville différemment, avec les acteurs en place. L’intérêt majeur de cette expérience est qu’elle s’inscrit sur un temps long et selon une temporalité particulière. En effet, chacune de nos actions se mettent en place au fil des opportunités et des besoins. Chaque intervention est succédée d’une période de recul et d’observation, permettant d’anticiper la suivante... Ainsi l’immersion dans le quartier, le rapport au voisinage, aux temporalités de la ville et du projet urbain, aux usages qui s’installent petit à petit, aux jeux d’acteurs en place, sont autant d’éléments fondamentaux et d’accroches pour fabriquer dans le temps cet espace public.
Aujourd’hui le projet n’est plus soutenu financièrement pas l’EPASE qui n’est plus maîtrise d’ouvrage. Les espaces pris en charge et aménagés par cette institution publique redeviennent propriété de la ville une fois réceptionnés. Le cas de la cartonnerie est particulier : l’espace devait théoriquement rester sous la tutelle de l’Epase, portant avec Carton plein, l’idée d’un chantier
permanent. Ce lien ténu que nous avions réussi à tisser entre l’échelle micro du quartier et macro de cette émanation de l’état s’est fragilisée suite aux modifications hiérarchiques au sein de la structure. Les personnes ressources porteuses du projet ont étés missionnées sur d’autres opérations. L’Epase s’est donc désengagée progressivement.
Nous travaillons activement pour tisser petit à petit les mailles d’un réseau de soutient (notamment avec la ville de saint Etienne), pour que le projet continue d’exister avec toutes ses particularités. C’est une réflexion passionnante sur les systèmes de gouvernance qui régissent l’espace urbain.
Carton plein n’a plus de légitimité d’action en tant qu’assistant a maîtrise d’ouvrage, mais devient une association laboratoire de l’espace public... son statut est mouvant. Aujourd’hui, la cartonnerie est d’avantage, une sorte de cadre d’expérimentation qui fédère les personnes, à plusieurs échelles, et qui crée des passerelles entre diverses institutions telles que les universités, les associations de la ville. Ainsi la cartonnerie est l’espace d’une mixité intéressante où chacun peut trouver sa place : c’est autant un équipement de quartier, espace des usages quotidiens, qu’un lieu de recherche sur la ville « en train de se faire ».
Les réflexions analytiques menées par l’équipe autour du site et les problématiques soulevées au fil du temps génèrent finalement le besoin. L’omniprésence de Carton Plein sur une temporalité longue à la Cartonnerie, et la singularité des modes d’actions développés, crédibilisent petit à petit la démarche.
Ainsi, l’EPASE nous a de nouveau missionné par la suite pour une étude pluridisciplinaire sur la problématique du jeu dans le quartier de Jacquard, à proximité de la Cartonnerie. L’objectif étant d’aboutir à la pré-programmation d’un espace public en restructuration (ilot Gachet). L’intérêt de cette sollicitation est la reconnaissance de l’association comme une structure professionnelle compétente pour réaliser des études et diagnostics en amont des projets. Ce qui est passionnant dans ce projet ce sont les frictions avec les autres disciplines, les frontières minces où l’on peut être sur des récits et outils communs mais aussi les moments tranchés où le rôle de chacun redevient très définit et complémentaire.
Le rapport aux autres disciplines nécessite un ajustement constant, pousse dans ses retranchements et requestionne les automatismes de nos professions (artistes, graphistes, sociologues, designers, jardiniers, etc) mais parfois les valide et fait apparaitre les compétences professionnels comme de vrais nécessités. Nous sommes sur des franges alternatives, lieux des possibles, lieux tests, espaces d’invention où chacun doit trouver sa légitimité."

20 septembre 2012

L’activation des délaissés urbains et interstices // Parcours de jeu

La Cité du Design dans le cadre des Villes design UNESCO propose une exposition empathiCITY qui invite des designers en résidence sur des territoires, sous le commissariat général de Laëtitia Wolff et Josyane Franc... Elle sollicite CARTON PLEIN comme commissaire local. Avec PARCOURS DE JEU, CARTON PLEIN poursuit sa recherche-action sur le jeu en ville en invitant deux collectifs à réaliser des installations grandeur nature inscrites dans les problématiques concrètes d’un quartier en pleine mutation.

Au delà des espaces publics peu nombreux dans le secteur Jacquard et le centre ville dense, il existe une infinité de possibles, au fil des trajets quotidiens, dans les rues elles-mêmes, sur les trottoirs, aux pieds des espaces habités, dans les interstices et parmi les espaces délaissés.

« Les Pays Bas ont innové en matière d’urbanisme, en prenant, dès 1977, le contre pied de la tendance sécuritaire qui se développait dans les pays voisins. Au lieu de la stricte ségrégation des espaces empêchant la présence simultanée de différentes catégories d’usagers (piétons, automobilistes, cyclistes...) au même endroit, c’est un principe d’intégration qui a été officialisé. Il s’agit d’influencer le comportement des conducteurs en les faisant circuler sur un espace commun, sans trottoirs ni séparateurs, afin de leur faire prendre en charge la sécurité des usagers plus vulnérables. Le dossier -guide des aménagements intitulé le Woonerf (« Cour urbaine »), prône l’usage multiple de la rue -déplacement, repos, jeu - et, pour ce faire, introduit un règlement stipulant la priorité aux piétons dans les zones urbaines spécialement aménagées.» Imagin’aires de jeux, autrement, 2000 (page 72)

A ce titre l’architecte Aldo Van Eyck a développé une théorie particulièrement intéressante qu’il a appliqué à la ville d’Amsterdam. Il part d’une observation de cette ville sous la neige, et constate que le fait d’être recouverte par ce tissu blanc, la transforme en un gigantesque terrain de jeu. La neige devient le liant, le vecteur de pratique ludique. Ainsi, il décide de retravailler un maillage d’aires de jeu, qu’il veut le plus étroit possible, afin de retrouver cette sensation de la ville terrain de jeu. Il va faire des propositions dans chaque dent creuse, pour chaque espace interstitiel, même si celui-ci ne peut recevoir qu’un seul module de jeu. Pour lui, ces aménagements prennent en compte la notion de danger, car même si certains sont proches de la rue, sans barrière, la situation est moins dangereuse que s’il n’y avait aucune proposition. En effet, il considère que c’est le jeu qui protège l’enfant et non l’absence de jeu. Car sur le jeu, l’enfant canalise son attention et détermine son terrain, il se détourne ainsi du danger que représentent les voitures. Cette notion de trame, de maillage des aires de jeu semble particulièrement pertinente à mettre en oeuvre à l’échelle d’un quartier, voir même d’une ville. C’est une solution pour valoriser les espaces interstitiels souvent négligés de par leur statut fragile (trop petits pour être rentables, entretenus, exploités). Souvent laissés en friche, ils sont des points noirs (dépôts d’ordures, toilettes pour chiens…) ou alors ils sont grillagés, fermés, connotant négativement l’espace public et le paysage urbain ; de nombreux bout d’espaces publics sont d’abord appropriés par les voitures qui minimisent l’espace public de manière forte. Autant d’espaces qui pourraient à leur niveau pallier à ce manque d’espace de jeu, et transformer petit à petit un quartier en espace ludique, terrain de jeu à l’échelle de la ville, qui résonnerait de bruits d’enfants et où se développeraient des histoires fantastiques à chaque coin de rue.

Nous accueillons donc deux collectifs en résidence :

Sébastien Philibert, designer et Laure Bertoni, designer / Jeux d’Ancrages

Après avoir arpenté l’Irlande et avoir réalisé une série d’objets dédiés aux paysages, ce duo prolonge l’aventure et s’immerge à Saint Étienne où ils imaginent in situ une série de six objets/jeu. Au cœur d’un délaissé urbain, devant la cour d’une école, au sein d’un square à l’abandon… des objets-jeux émergent, directement inspirés du lieu dans lequel ils s’inscrivent : son histoire, ses paysages, ses matérialités, mais aussi les pratiques habitantes existantes ou pressenties. Ce sont des objets à jouer au sens large, objets uniques, alternatives aux aires de jeux-catalogues, qui s’affranchissent des modèles standards pour inviter enfants et adultes à jouer autrement la ville.

Juliana Gotilla, architecte et Lola Diard, Designer / Murs en jeu
Au travers du prisme du jeu, nous interrogeons le statut des murs des délaissés. Invisibles, neutres, sans qualité, les murs constituent un décor de la vie urbaine mais pas seulement, ils configurent l’espace qu’ils délimitent. Telle une peau, une enveloppe à la fois réceptive et communicative, la surface murale interagit avec les pratiques, à travers elles, la sphère publique et privée s’expriment, se rencontrent.
C’est pourquoi nous utilisons les murs comme une opportunité d’échange avec les citoyens, une zone de rencontre entre individualités. Que ce soit en affichant, en peignant, en tendant, en amenant du relief, nous habitons les épaisseurs afin de créer des interfaces ludiques, des espaces de friction, activateurs de nouveaux usages.



Ici, repérages collectifs avec les deux équipes accueillies en résidence... A suivre sur http://parcoursdejeu.wordpress.com/

13 septembre 2012

Formation avec Marcelo






En prévision de notre grande journée peinture et projections du 12 octobre, Marcelo Valente est venu faire des tests et nous initier à la projection grand échelle. Waooooo de nouvelles perspectives !

OAXACA, MEXIQUE




La recherche action sur la ville et le jeu continue. Après avoir arpenté Charleroi en Belgique et avoir construit un protocole d'observation des jeux dans la ville, dernière escale: Oaxaca city au Mexique.  Sillonner la ville à la recherche de ses espaces de jeu, qu'ils soient institutionnels, sauvages, improvisés. Rencontrer, enregistrer, participer. Un mois en immersion pour tenter de capter la manière dont une ville est traversée par des pratiques de jeu autant qu'elle les génère.