12 juillet 2013

TOUS DEHORS ! Jour 3

Collages devant la bibliothèque
Compile du quartier et boom improvisée
Dessiner des arches sous les arches

Lire un livre entier à voix haute
Construction d'un mur anti bruit avec aération naturelle
Bureau d'architecture de rue en construction
Haute couture littéraire
La bibliothèque sort raconter des histoires hors les murs...

*Lecture d'un livre entier à voix haute
Sous une arche proche de la médiathèque, un tapis, 4 transats sur lesquels sont scotchés un panneau "Venez, je vous lis un livre" visibles de la rue. Le dispositif vaut par sa simplicité et par le contraste entre la proposition (temps long du livre en entier / intimité de la lecture a voix haute ) et le lieu (espace ouvert / bruit des voitures et de la rue / gens en marche d'un point à un autre) qui pourrait sembler inapproprié mais c'est justement ce qui fonctionne. Sabine choisit le livre que Quentin est en train de lire Les poissons ne ferment pas les yeux de Erri de Luca, écrivain napolitain. La voix raisonne sous l'arche et prend de l'ampleur sans avoir besoin de crier, à elle seule elle donne à l'arche son identité, son statut d'espace singulier et précieux, l'espace d'un moment, d'une pause. Transition entre la rue et la médiathèque, certaines personnes passent sans rien voir, d'autres ont juste le temps d'apercevoir une image insolite et continuent leur chemin (en sachant qu'à l'arche suivante ils verront Alissone assise à sa table de couture). D'autres encore regardent un temps, essaient de comprendre et repartent. D'autres s'arrêtent et s'assoient - les enfants et les vieux surtout : temps suspendu, ils prennent le train de la lecture en marche et sont étonnamment très attentifs, captés autant par les mots que par la vibration de la voix dans l'espace, d'autant plus attentifs qu'ils n'ont aucune gène à rester ou partir, la lecture continuant son cours de la même manière avec ou sans leur présence. Un monsieur âgé nous dit que c'était un moment de poésie pure et que ces actes de poésie sont essentielles à notre humanité. Une dame a laissé au bord du tapis, après être restée assise environ 10 minutes, une brioche au chocolat : elle en avait acheté 2 à Montbrison mais n'avait plus faim a t-elle dit en partant au moment d'un blanc. Elle était délicieuse - Merci ! À l'habiter ainsi pendant 6h (sur 2 après-midis), il apparaît fortement évident que les arches mériteraient d'être investis comme autant de petites scénettes dans la ville, de propositions à vivre un temps de pause dans sa marche d'un point à un autre et des espaces privilégiés pour habiter sa ville.


*Dessiner des arches sous les arches
Une équipe dessine les arches sur un long papier blanc posé directement au sol à l'intention des enfants du centre de loisir présent en nombre ce mercredi après midi... La formule est simple : à chacun de dessiner le contenu d'une arche. Des cartons sont posés au sol en guise de siège. La première personne qui s'assoit de manière spontanée sur ce dispositif sommaire est un jeune adulte qui se met a dessiner sans plus de formalité... et que nous enrôlons 5 minutes plus tard pour aider les enfants à peindre à leur tour. Olé !
  
*Compile de quartier 
Quel est votre morceau de musique préféré ? Qu'est-ce qu'écoutent vos parents ? David Suissa et ses acolytes constituent une compile des musiques qu'écoutent les gens du quartier. Il réunit ensuite toutes les chansons et s'installe lui aussi sous une arche près de la bibliothèque avec ordinateur et enceintes. Il s'improvise DJ en plein milieu de l'après-midi. Le quartier vibre pendant 2 heures au son des chansons préférées des habitants du quartier. Et là c'est le grand écart ; de la musique berbère au Daft punk, de Bob Marley à David Guetta, de Mettalica à Aznavour... On imagine la surprise d'un de ces habitants qui passerait par là où serait à sa fenêtre et entendrait son morceau favori sorti du ventre de la ville ! 

*Bureau des mémoires 
Tentative échouée, volonté d'aller recueillir les mémoires du lieu : qu'y avait-il avant ici ? Les gens sont flous, parlent des changement récents, des places proches... N'y-a-t-il pas de mémoire pour ce viaduc ? L'ouvrage a-t-il si peu d'importance ? Le moment est-il propice à mener l’enquête ? Que cherche-t-on exactement ?... Égarement en chemin et effacement des bandes audio, coïncidence de la vie ?... Tout corrobore pour aller vers la fin de ce protocole... Restera affiché sur l'arche un "y a avait quoi avant ?" qui parle de l'évènement déjà passé. Depuis on croise des gens qui ont vu... "C'était vous ?" nous disent les porteurs des regards furtifs lancés du feu rouge, du tram, ou passant à vélo...

*Mur anti-bruit 
Entre les "pâtes" du viaduc endormi on trouve de grands vides, souvent inutilisés. Parfois quelques garages ou chambres froides viennent se nicher. Ces grandes poches vides sont finalement des espaces peu appropriés, peut-être parce que le viaduc est propriété de RFF et qu'il n'est pas possible de s'appuyer dessus pour construire. Le statut du dessous est flou : espace public, propriété municipale ou seule jouissance ? Positionnés en frontière du Boulevard urbain, et donc à proximité du flux des voitures, la sous-face de ces arches reste un lieu de passage où il n'est pas très agréable a priori de s'installer (bruit, pollution, visibilité, saleté...). Pourtant devant la médiathèque, on pourrait imaginer aisément une extension qui permette d'écouter une lecture ou d'entendre la diffusion de la compile du quartier. Nous avons tenté de construire un mur anti-bruit en carton pour mettre à distance le boulevard et les arches, et pour améliorer le confort des usagers de cette potentielle médiathèque de rue. Ce filtre essentiellement visuel permet de s'isoler du mouvement, de pouvoir s'installer dans l'espace public et se concentrer sur une autre activité. Le mur permet étonnamment en refermant l'arche de marquer plus fortement l'entrée de le bibliothèque et de faire signal depuis Carnot et le boulevard. 

*Bibliothèque de rue 
Sortir des albums, des livres, quelques chaises, des tapis, les bibliothécaires testent la lecture hors-les-murs sous une arche du viaduc. Une première ! Ce lieu si hostile et redouté des bibliothécaires ! Des groupes d'enfants de l'amicale laïque arrivent les uns après les autres pour écouter les histoires de Christelle et Maurice, et l'attention est là. Le mur à défaut de ne pas être vraiment anti-bruit aura pallier au mouvement des voitures et finalement, comme l'a dit Maurice "On est concentrés et ça marche !".

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